L'automne s'annonce difficile pour Stellantis en Europe, avec une série d'arrêts de production affectant plusieurs sites majeurs. Ces interruptions, dues à une baisse des ventes et à une concurrence tarifaire accrue, touchent des milliers de salariés et soulèvent des inquiétudes quant à l'avenir à long terme de ces usines.
Points Clés
- Six sites de production Stellantis en Europe ont vu leur chaîne s'arrêter dès le 13 octobre pour une durée de trois semaines.
- D'autres arrêts sont prévus, notamment à Mulhouse et Sochaux, affectant au total 18 000 salariés.
- Les inquiétudes portent sur l'avenir des modèles produits et sur le manque d'investissements dans certaines usines.
- La stratégie de Stellantis, axée sur la hausse des prix, semble atteindre ses limites face à une clientèle échaudée.
Ralentissement Généralisé des Usines
Dès le 13 octobre, les chaînes de production de six usines Stellantis en Europe ont été mises à l'arrêt pour une période de trois semaines. Ces sites concernés sont Poissy en France, Eisenach en Allemagne, Saragosse et Madrid en Espagne, Pomigliano d'Arco en Italie, et Tychy en Pologne. À cela s'ajoutent des arrêts prévus à Mulhouse (France) du 27 octobre au 2 novembre, et à Sochaux (France) pour quelques jours en octobre en raison de problèmes d'approvisionnement. Au total, 18 000 employés sont impactés par ces mesures.
Inquiétudes à Poissy et Ailleurs
Pour les 2 000 salariés de l'usine de Poissy, contraints au chômage technique, cette situation est un véritable coup de tonnerre. L'usine, qui a produit des modèles emblématiques comme la Peugeot 205 et la Citroën DS3, est la dernière à fabriquer des voitures en Île-de-France. L'inquiétude monte quant à l'avenir à long terme, car la fin de carrière des modèles actuels (Opel Mokka et DS3) est prévue dans deux ans, sans plan de succession clair. Les travaux annoncés durant la fermeture sont jugés insuffisants par les syndicats, qui déplorent un manque d'investissement depuis des années.
Délocalisation et Réorganisation Industrielle
L'usine de Rennes, par exemple, a vu ses effectifs divisés par trois en quinze ans, et une partie de ses bâtiments sera dédiée à la production de moteurs d'avion. Bien que le site breton bénéficie de la production du nouveau Citroën C5 Aircross, les volumes attendus ne rivaliseront pas avec ceux des modèles populaires. À Mulhouse, la cadence se maintient au-delà de 100 000 unités annuelles, profitant de la proximité de l'usine de Sochaux, qui bénéficie d'un plan d'investissement de 200 millions d'euros. Cependant, la tendance générale montre une délocalisation de la production vers l'Europe de l'Est, l'Espagne, le Maghreb et la Turquie, motivée par des coûts de production plus bas.
Stratégie Commerciale et Confiance Client
Ces difficultés s'inscrivent dans un contexte où la stratégie de Stellantis, axée sur l'augmentation des prix pour gonfler les marges, semble atteindre ses limites. Les clients se font plus rares chez les concessionnaires, comme en témoigne la nécessité de proposer des offres de leasing agressives pour la Lancia Ypsilon. La réduction des ventes dites "tactiques" (loueurs, démonstrations) a également privé les usines d'un débouché important. De plus, les scandales passés (airbags Takata, moteurs Pure Tech) ont érodé la confiance des consommateurs, obligeant Stellantis à accorder des garanties étendues sur les véhicules neufs. Restaurer cette confiance prendra du temps.
Perspectives Incertaines
La baisse de la production est symptomatique d'un manque de modèles abordables et d'une surcapacité industrielle. Le nouveau directeur général, Antonio Filosa, a annoncé des "décisions difficiles" pour rétablir une croissance rentable, rappelant la politique de son prédécesseur Sergio Marchionne, qui avait fermé l'usine de Termini Imerese. Malgré une baisse significative des bénéfices, le groupe a réalisé des profits considérables entre 2020 et 2024. L'ambiance reste morose dans les usines en attendant le prochain plan stratégique du groupe.