La filière automobile française, réunissant constructeurs, équipementiers et distributeurs, s'est rassemblée pour exprimer ses inquiétudes face à une crise profonde. Sous l'égide de la PFA et de son président Luc Chatel, les professionnels ont dénoncé des normes jugées déraisonnables, la concurrence chinoise et l'échéance de 2035 comme des obstacles majeurs.

Points Clés

  • 75 000 emplois et 40% des fournisseurs menacés.
  • Normes européennes trop strictes et coûteuses.
  • Concurrence chinoise sur les batteries et les véhicules.
  • Incertitudes sur l'échéance de 2035 et les véhicules thermiques.

Un Secteur en Difficulté

Luc Chatel a dressé un tableau sombre de la situation, soulignant que "l'Europe demande aux constructeurs de fabriquer des voitures qui ne se vendent pas et la France taxe celles qui se vendent". Des chiffres du cabinet Roland Berger évoquent la menace pesant sur 75 000 emplois et 40% des fournisseurs du secteur.

Les Normes Européennes en Ligne de Mire

François Provost, représentant Renault, a mis en avant le poids des nouvelles réglementations, estimant que 25% du temps de travail des ingénieurs y est consacré. Il a souligné que l'Europe est la seule grande région n'ayant pas retrouvé ses niveaux de vente d'avant le Covid, en partie à cause de ces normes qui augmentent le poids et le prix des véhicules. La demande est donc un assouplissement de ces règles et le développement de "e cars" plus abordables.

Antonio Filosa de Stellantis partage ces préoccupations, affirmant "Europe is wrong" concernant l'échéance de 2035. La demande est simple : pouvoir fabriquer les voitures que les gens veulent, dont ils ont besoin et qu'ils peuvent se payer. Sans changement, des baisses de production et des impacts sociaux sont à prévoir.

La Concurrence Chinoise et l'Échéance 2035

Ola Källenius, président de l'ACEA (fédération des constructeurs européens) et patron de Mercedes, a également exprimé ses inquiétudes. Il a particulièrement insisté sur le fait que malgré les efforts pour construire des gigafactorys en Europe, les batteries européennes restent plus chères que les chinoises.

Réponses Politiques et Perspectives

Face à ces doléances, le ministre de l'Économie, Laurent Lescure, a reconnu que "les normes sont trop normées" et a promis "oui à la flexibilité et non à la naïveté" concernant l'échéance de 2035, indiquant une volonté d'assouplissement sans renoncer à la date.

Stéphane Séjourné, haut-commissaire européen, a esquissé des décisions à venir. Il a notamment évoqué la possibilité que les utilitaires thermiques soient autorisés après 2035, ainsi que l'émergence de petites voitures aux normes allégées ("e cars" ou "kei cars") et le maintien des électriques à prolongateur d'autonomie. Ces décisions, encore en négociation à Bruxelles, seront officiellement annoncées le 10 décembre.

Malgré un climat d'angoisse, Christophe Périllat, patron de Valeo, a tenté de rassurer en soulignant que la technologie embarquée dans les voitures reste abordable, à environ 15 euros le kilo.

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